„JE SUIS FOU, DONC JE SUIS“: L’ EXPÉRINECE DE LA FOLIE DIVINE CHEZ GEORGES BATAILLE

Abstract

La folie chez Georges Bataille est un facteur essentiel de rupture: rupture avec la raison pure et la pensée mutilante, avec l’ écriture structurée, avec la folie dans son sens conventionnel en tant que maladie mentale ou déviance. Elle est inhérente à l’ être dont l’ essence est fondamentalement hétérogène. Réinsérée dans le domaine du sacré puisque réalisée dans un mouvement de pure dépense, dans un geste souverain désintéressé, improductif, elle est enfin divine après de longs siècles d’ aliénation, de réclusion et de mutisme. Violente, tragique, indomptable, elle détruit tous les acquis de la civilisation et de la raison dans sa rage d’ excès. Dans les oeuvres fictionnelles de Bataille, elle atteint notamment les personnages les plus outranciers, ceux qui sont en quête de la plénitude hétérogène, donc forcément déraisonnable de leurs êtres. Elle se confond alors avec transgression et frénésie érotique dans un même mouvement impulsif de dépassement de soi, favorisant la communication des essences affranchies. La folie atteint ensuite le texte, altérant son issu langagier et le livrant à la déviance du langage et de la typographie détruisant la cohésion de l’ écriture qui, à l’ image de l’ essence de l’ être bataillien, se veut hétérogène. La folie frappe enfin l’ écrivain. Bataille, ivre de démesure renverse les acquis de la psychanalyse et se fait un rédempteur ayant pour mission celle de racheter les fautes des humains aliénés, incapables de déraison. Il redéfinit ainsi le statut de l’ écrivain ainsi que celui du savoir et fait de ses livres des oeuvres excentriques lucidement folles.