LA FOLIE COMME PRINCIPE CRÉATUR CHEZ ILLIERS DE L’ ISLE-ADAM

Abstract

Siècle du scientisme, le XIXème s. a pourtant laissé s’ exprimer toute une génération de conteurs fantastiques, à laquelle appartient Villiers de l’ Isle-Adam. Ce dernier est surtout connu pour ses recueils de nouvelles, notamment les Contes cruels. Ennemi déclaré du matérialisme, Villiers pourfend les moeurs de son siècle dans des pochades pseudo-scientifiques dont les protagonistes inventent des machines qui exaltent le culte du profit et de la médiocrité. L’ amour est aussi la cible de ces textes, dont les personnages vénèrent l’ adultère et la prostitution: on évolue dans un monde à l’ envers dont les habitants semblent frappés d’ insanité. Villiers donne le meilleur de lui-même dans des récits où il cultive le merveilleux et le fantastique. Eloignant alors la bouffonnerie propre à ses „sarcastextes“, il dépeint des personnalités en phase avec l’ irrationnel, comme le comte d’ Athol qui croit ressusciter son épouse Véra par la seule force de son amour. Les récits fantastiques de Villiers mettent en scènes des anti-héros souvent matérialistes. Ils se voient alors confrontés à des phénomènes surnaturels qui ébranlent leur arrogance en leur faisant côtoyer les gouffres où la raison chavire. Aussi l’ univers narratif de Villiers de l’ Isle-Adam ressemble-t-il à un asile dont les habitants sont, à des degrés divers, tous atteints de folie. Cette folie semble bien être à l’ origine, chez lui, de la création littéraire.